Le Yoga est souvent incompris, particulièrement en occident.
Étant moi-même occidentale, je ne peux que partager la vision que j'en retire jours après jours, à travers les enseignements que je reçois.
Il ne s'agit pas de ma culture mère, rendons à César ce qui appartient à César.
Je vois de nombreuses personnes pratiquer des styles de yoga modernes, pour plus de flexibilité, pour faire de l'exercice, ou bien des styles traditionnels sur leur tapis...tout en oubliant l'essence de ces derniers en sortant de la séance.
Traditionnellement, le yoga est un chemin balisé menant à l'illumination. Tout type de pratique n'ayant ni ce but, ni les moyens d'y parvenir, ne peut répondre au nom de Yoga, même si on y a collé cette étiquette.
"Yoga" a plusieurs significations en sanskrit, la plus connue étant « Union ». L'Union du Tout, l'Unité.
Lorsqu'on pratique, on ne doit pas chercher à dépasser ses limites, être le plus souple possible, ou prendre des poses acrobatiques impressionnantes. Le but va être en première approche, d'aller travailler énergétiquement à la purification et aux déblocages des différents corps et chakras par un contrôle de l'esprit pour guider l'énergie, afin de libérer la cartographie énergétique du corps et permettre à celle-ci de circuler plus librement et s'élever dans le corps.
En seconde approche : il faudra tout lâcher. Ce contrôle, la personne que l'on croit être, les résistances, le mental...
Se perdre dans la posture, s'oublier.
Pas rêvasser, non, pas penser à autre chose : il s'agirait encore du petit personnage incarné qui se fait des films et fuit dans ses pensées, Ô combien intéressantes.
Mais s'oublier.
Oublier l'individu qui croît être, qui croit faire, qui croit contrôler. Il ne peut rien par lui-même cet individu. Il croit que si, il s'attache, il projette sa résilience et ses grandes qualités, son « individualité »... mais il n'ira nulle part ainsi. Ou du moins, il ne sortira pas de sa petite roue de hamster ainsi.
Il s'agit de s'oublier et laisser la place à quelque chose de plus grand, quelque chose qui nous incarne, nous manifeste, nous respire. Lorsque l'Univers respire à travers nous, qu'on l’ache nos résistances à être son simple prolongement, son reflet fragmenté dans le miroir qu'il est lui-même, alors il n'y a plus de limite, plus de douleur, plus rien de « nous ». Conscience/Énergie se manifeste à travers la forme qu'Elle nous a donné. Là, tout peut arriver.
Tout peut Être, tant que nous ne sommes pas.
C'est cela l'Union, le Yoga, et le tapis n'est que la zone d'entraînement pour le cirque de dehors avec tous ses grands numéros !
Car dehors, en interaction, dans la vie du petit incarné identifié, eh bien, il est beaucoup plus difficile d'oublier les histoires, les qualités, les blessures auxquelles on s'accroche pour se créer une identité, pour exister.
Il est plus difficile, en conflit, dans l'inconfort émotionnel, de s'oublier, de laisser la place à l'Univers, au Divin, à la Source, peut importe le nom que vous lui donnez, qui se manifeste en nous et à se laisser respirer, à se laisser agir, à se laisser traverser.
Être en Union.
Ce n'est pas pour rien que les enseignements de Yoga ne se limitent pas aux asanas mais comportent aussi une approche éthique et morale via les Yamas et Niyamas ; que la qualité de Vivre, d'Être, est si importante, et que le Yoga soit enseigné comme un mode de vie et non une simple gymnastique.
S'installer dans la posture et s'oublier, laisser le divin nous respirer.
Il ne s'agit pas de se sacrifier, ou de s'auto détruire en restant passif à tout, cela aussi serait un comportement égotique. Il s'agit d'Être à sa juste place, en respect des lois cosmiques, et pour cela, retirer de la scène les projections, les attentes, les plans, les désirs personnels (bien qu'ils resteront toujours présents en coulisses, conscientisés), pour laisser la place au souffle de l'Univers, qui lui, sait bien mieux que nous notre Dharma, le rôle que l'on doit jouer et ce que l'on doit expérimenter dans cette incarnation. Et cela encore, n'a rien de "personnel". On s'y accroche coûte que coûte.
"Moi, dans cette vie, je dois faire ceci et cela, c'est ma mission d'âme." "Moi j'ai été prêtresse et ceci et cela dans une autre vie, c'est ce que je suis."
Non. L'Univers se fout de nos petites histoires. De nos identifications. De notre volonté d'être quelqu'un. Il se manifeste en une réaction alchimique en lui-même, qui prend la forme de ce petit incarné, "son" script de vie, "son" Dharma. Mais ce n'est pas à propos de lui, pas plus que l'histoire appartient à la chaussette sur la main du marionnettiste. La chaussette peut résister au texte ou au contraire s'y identifier... Cela ne changera rien au fait que ce n'est qu'une chaussette, et à la fin du spectacle, elle retournera dans sa boîte pendant que la main en choisira une autre pour raconter autre chose.
"Notre Dharma" n'est pas à propos du petit "nous".
Des heures de Yoga sur un tapis ne mèneront nulle part si l'on s'accroche au mental, à l'ego, au contrôle contraignant ou si l'on oublie l'Union dès que l'on sort du tapis. Cela, aussi, est le Karma Yoga.
De prochains articles reviendront sur l'importance du contrôle comme celle de l'abandon, ainsi que sur le principe Conscience/Énergie ; Unité/Dualité.
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